MARCILLE peintre
À 9 ans j’ai copié avec de la gouache, des toiles impressionnistes
qui illustraient un calendrier des postes. Je ne les avais jamais vues.
À la suite de ça, ma soeur m’emmène au «Jeu de Paume»
et là, je sais ce que je veux faire le restant de ma vie.
Manipuler des objets, les juxtaposer, approcher Brancusi, télescopage
de formes, de couleurs, d’époques.
Je commence par la déco de mon propre appartement.
Je mélange tout. Pourquoi pas un Sam Francis sur ce mur orné de moulures. Dans ce brouillard d’informations, de jugements péremptoires...
Je commence aux «Arts Déco» à faire la même chose, et bien sûr,
je continue dans la pub...
Et voilà que les hyper-réalistes déboulent en France.
Plus que l’utilisation de la photographie, c’est la crudité
des sujets qui me fascine. Pourquoi rejeter les bouteilles en plastique,
les carosseries, les cabines téléphoniques pour délit de «manque de noblesse» la peinture ennoblit tout.
Donnerait-elle du «sacré» à un sachet de congélation ?
Toute sa vie, Fantin-Latour est allé au Louvre faire des copies ! C’est en faisant de nouveau des copies que je reviens à la peinture 30 ans après. Ce qui plaît à l’époque, c’est Hopper, Tamara de Lempika, Miro et surtout Rothko. J’aime aborder un peintre échanger avec lui en faisant parler ses toiles, ses gestes, son oeil. J’en découvre de nombreux au détour des envies de mes commanditaires, je fais leur connaissance : Balthus m’énerve, Watteau me touche, Sorolla m’émeut.
Et je finis, il y a 9 ans, par parler avec mes mots, nourri de techniques
tellement diverses que je ne peux pas m’empêcher de mélanger ces techniques
sur une même toile, un bout de «Chardin» sur un fond de «Joan Mitchell» pourquoi pas ?
Cela fait une superposition d’impressions liée à ma vie quotidienne,
avec un mélange de tous ces peintres côtoyés, de ce qu’ils ont vu,
mangé, pensé, peint, rêvé.
Est-ce que cela fait un tout ?